;
;
Semailles au vent
;
;
De quelques semailles de vent
J'ai récolté l'aube sauvage,
La caresse du Temps
En arpèges opalins
Sur la voûte de mon corps.
;
Edifié de sève et de sable
Nourri au suc des arbres
Et de la Terre,
Il esquissera le Temps,
L'aube de la mémoire.
;
;
***
;
;
Grand-père
;
Il avait les yeux nuages
Grand-père,
Bleu gris délavés
Comme un ciel
A la veille de l'hiver.
;
Il inventait dans le vent
Tel un souffle,
Une ride de rire sur les lèvres,
Le chant de la mémoire.
;
Il sculptait dans le soir,
Fervent orfèvre de l'espoir,
Les larmes des enfants
Pour en faire des étoiles.
;
Il avait les yeux nuages
Grand-père,
Couleur d'écumes,
Couleur de rêve,
Avec pour écrin
L'infini de l'Univers.
;
;
***
;
;
De lui à moi
;
Il me disait...
;
"Ne crie pas plus fort que le vent,
On est tous prince d'un royaume
perdu,
D'une île chargée d'écumes
Là-bas,
Quelque part à l'autre bout des tempêtes,
De nos chagrins ou de nos peines."
;
Il me disait aussi:
;
"Ce n'est pas chimère ni utopie
Que de croire encore,
Nous sommes à fleur d'eau
Des pétales d'étoiles
Tombées du ciel.
;
Mais un jour bientôt,
A nouveau tu verras
On s'envolera!"
;
;
***
;
;
Et le vent dans les feuilles
A dessiné les nuages qui s'effeuillent.
;
Dans le grand livre du ciel
Il a gravé les lignes d'or et de miel
Du Temps qui passe,
;
Et puis tourne la page...
;
;
***
;
;
Il était capitaine ou poète
Et au gré de mes rêves
Un peu joaillier, un peu flibustier.
;
Il me parlait du Vent et de la Terre
Des étoiles et d'une île perdue en pleine mer.
;
Il me disait:
"Tu sais...
;
On s'imagine Roi...
;
Et puis au fil des âges,
On laisse tant de soi
Accroché aux nuages!
;
Pourtant crois-moi,
- Croix de bois, croix de fer
Si je mens j'irai en enfer -
;
Mais de tant de semences laissées au vent,
Loin de s'appauvrir
Peu à peu on s'enrichit."
;
;
***
;
;
Et je sculpte à mon tour
Les veines du Temps,
;
La Terre est mon ancre
Et mon corps en dessine à l'infini
Les mille et mille échos,
La mémoire en filigrane.
;
;
;